parcours

Aspirée au coeur de la matière textile par la compréhension du chemin du fil dans le tissage, je suis – dès les premiers décodages techniques – fascinée par la représentation graphique des tissus tissés, par leur puissance graphique, par l’efficacité de ce code binaire qui renferme en sa complexité un rapprochement entre sensible et intelligible. 

La découverte

Le tissage fait partie des rares écritures universelles. Il est d’une simplicité confondante dans sa construction. Tous les gestes qui y conduisent sont presque instinctifs tant ils reposent sur nos besoins élémentaires de faire du lien, nos besoins de tramer nos vies de matières et de récits. La rhétorique de cette simplicité se révèle à la compréhension de son éloquence. Les trames se placent au creux de fondations constituées par les fils de chaîne. Cette architecture universelle déplie sa diversité dans la sobriété de son principe de construction. A l’échelle du fil, s’ouvrent une multitude d’écritures de racines communes.

L’évasion

C’est d’abord par la main que ce langage s’est ouvert à ma curiosité. 

La main, extrémité d’expression sensible et intelligible, trie ses propres élans, comprend ses gestes, observe ses commandes et lit ses mouvements. Les mains s’agitent, cogitent. Leurs réflexions sont imprimées dans la matière et deviennent verbe par le faire. 

Les fils qui se sont retrouvés dans mes mains et que je suis venue à tisser en cherchant à ficeler des réponses, à tramer de la distance et certainement à lier du sens m’ont d’abord permis de panser des interstices avant de me permettre de penser leur condition. 

Le tissage s’écrit en tension, celle-ci est nécessaire à sa mise en œuvre. Comme les fils sur un métier à tisser, mon intérêt s’enroule à ses extrémités pour maintenir une forme de tension et d’équilibre assurant l’avancement et le déploiement de cette exploration. La répétition génèrent une rigueur logique qui ouvre des espaces de contemplation réflexive. La matière engagée détermine la résistance, la souplesse, les aptitudes à soutenir et à conjuguer.

Cette pratique impose un rythme où la longueur s’installe, où le geste suspend momentanément les questions, où la déclinaison aiguisent les réponses; et où la pensée s’ouvre.

La traverse

Actrice du secteur textile depuis une vingtaine d’années dans des postes et des pratiques multiples: 

  • Projet plastique d’hybridation entre textile et photographie en collaboration avec Vanessa CAO.
  • Professeure à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles – Ecole supérieure des Arts au sein du cursus design textile depuis son ouverture en 2003 : enseignement, transmission et décryptage de la pratique du tissage; participation avec les responsables successives du cursus au rayonnement de l’atelier et de ses projets.
  • Cofondatrice de Habit-T, bureau d’étude de créations textiles conjoint à un atelier de production de tissage manuel. Un des objectifs principaux du projet était la revalorisation du tissage manuel, qui offre, contrairement au tissage industriel, un terrain de mise en production d’écritures textiles inédites. 
  • Senior designer / cadre dans le secteur industriel: une petite dizaine d’années de recherches et développements au coeur de l’industrie textile pour réaliser un travail de créations textiles, de recherches et de développements pour le secteur automobile. Fonction de senior designer au sein de la société De Witte Lietaer «Industries», devenue AUNDE BELGIUM NV en 2006.
  • Recherches et développements pour Charles Schambourg by Nacarat, luxury woven leather. 
  • Membre pendant 5 ans du collectif de plasticiens Fibre et fil : réalisation de projets textiles et participation à différentes expositions collectives.